Comment j'ai tué l'homme blanc Christopher Jones Librinova

Résumé Librinova

Vendredi 28 juin 2019, 22h07 : les lumières s’éteignent brutalement sur le Parc des Princes, où les Bleues jouent leur quart de finale de Coupe du monde contre les Américaines. Et contre toute attente, l’électricité ne reviendra jamais.

Le black-out électrique, c’est l’exact contraire du Covid-19 : le virus oblige au retranchement, tandis que la disparition de l’électricité pousse à la fuite. Quand l’électricité s’évanouit, c’est la nourriture qui n’est plus accessible et ce sont les télécommunications dont il faut se passer. Et surtout, l’eau : trois jours de réserve dans les châteaux d’eau, mais après ? Sans électricité, la possibilité de la vie dans un appartement d’une grande ville ne dépasse pas quelques jours.

Vingt ans après, un homme raconte à ses petits-enfants cet effondrement, sa fuite de Paris avec sa famille, et un peu du monde d’avant. On trouvera dans le premier tome de cette uchronie une violente charge contre l’Occident et la « modernité », une théorie (lunaire) sur le monothéisme, et une touche d’écoféminisme. (Mais si ce sont les fondations d’un nouveau monde que le lecteur attend, on le priera de patienter jusqu’au prochain volume.)

J'ai beaucoup aimé ce récit sur l'effondrement de la société voire des sociétés dans notre monde contemporain. Il est daté de 2019. On lit le journal de bord du narrateur, le père, chef de famille.
Dès le début le lecteur est plongé dans l'inquiétude et l'angoisse, une panne d'électricité plonge l'immeuble de la famille dans le noir, mais surtout dans le silence. Aucun appareil ne fonctionne plus...La ville de Paris sous leurs fenêtres est elle aussi plongée dans les ténèbres... à tous niveaux, la nuit est propice aux vols, aux incendies, aux émeutes dont ils n'entendent que des cris, des sirènes de sécurité civile, pompiers et/ou policiers... Le père en est convaincu, c'est l'effondrement de la société de sur-consommation et c'est , conséquence de cette canicule, l'arrêt forcé des centrales nucléaires.
Assistants à des évènements hors normes et violents, le père réussit à convaincre sa famille, composée de 2 adolescents dépendants de la technique et du numérique, de fuit Paris pour rejoindre dans une région désertique leur maison de campagne achetée exprès dans ce but. Cette maison va devenir leur eldorado, un lieu ancré dans la nature, éloigné de la civilisation, capable de les cacher et les protéger, et surement de les nourrir.
Le récit nous raconte tout le trajet, c'est un véritable road-movie (en vélo) , c'est la quête pour la survie. Au fur et mesure des kilomètres, l'angoisse ne descend pas, au contraire, la description des villes, des villages désertés, des rencontres bonnes et mauvaises, de l'homme redevenu un animal...font s'inquiéter le lecteur pour la famille, et les font s'interroger sur les risques encourus par notre société.

Les personnages : une famille traditionnelle est une bonne idée d'autant que les différences entre générations sont bien marquées. On reconnait bien l'insolence insouciante des adolescents d'aujourd'hui. Leur transformation au fil des kilomètres est palpable. Le père semble presque une caricature des écolos lanceurs d'alerte et collapsologue...mais au final n'est-ce pas eux qui ont raison ?

Bref ce récit m'a interpellé, m'a fait réfléchir à ce qui pourrait arriver et me fait angoisser. D'autant que le discours du père est émaillé de petits cours qui apportent des rappels sur l'Histoire de la France et de sa démocratie, des notions sur l'énergie nucléaire, sur le fonctionnement des hommes. Instructifs ! voire polémiques notamment sur la religion, ou les femmes.

La fin ouverte laisse entrevoir une suite. Ce sera avec plaisir ! et instructif puisque je suis curieuse de connaitre les recettes de la survie !