Bienvenue dans mon univers : celui de la lecture. Pas un jour sans livre, que cette lecture soit plaisir ou outil de travail. Partager ce plaisir, aider à l'accès à la lecture est le but de ce blog. Passer un livre, passer des idées, passer l'envie de lire .... " J'aime à croire qu'on lit pour ne plus se sentir aussi seul, pour prendre conscience que quelqu'un est déjà passé par là et a eu les mêmes pensées , les mêmes réactions , quelqu'un qui a affronté les mêmes dilemmes, doutes et regrets que vous. " La symphonie des hasards , Livre 2 Douglas Kennedy
18 Mars 2021
je ne suis pas en prison. Je suis écrivain.
Je ne connaissais pas cette collection spéciale Stock et cette expérience proposée aux écrivains : passer une nuit dans un musée. Le parfum des fleurs la nuit est le bilan de cette nuit d'enfermement de LéÏla Slimani dans la Punta della Dogana de Venise, en avril 2019.
Ne se présentant pas comme une amatrice d'art, sa promenade dans ce lieu d'art moderne la laisse perplexe. Elle découvre des oeuvres et nous fait découvrir des artistes ainsi : Etel Adnan et certains d'entre eux sont, d'après elle, des démiurges.
" Comment mettre en lumière la mémoire contenue dans chaque objet, même le plus banal, le plus insignifiant ? Tous les artistes réunis ici semblent obsédés par cette quête. Retrouver, dans le monde qui les entoure, la trace des fantômes et prouver ainsi que rien ne meurt jamais tout à fait."
S'en suivent les errances nocturnes dans ce lieu clos, finalement un huis clos personnel, qui fait remonter des souvenirs d'enfance , les fantômes et permet aux lecteurs d'appréhender l'auteure.
Elle évoque des thèmes chers à son univers : la relation mère-fille, la place des femmes dans la société maghrébine, la liberté ,la beauté et l'aspect éphémère des êtres, des lieux. Ces réflexions nous permettent d'en connaître un peu plus sur l'histoire de l'auteure, son enfance, son éducation.
"Si nous pleurons, c’est parce que nous vivons dans une société qui manque cruellement de transcendance, de désir de s’élever, de quelque hauteur que ce soit. Nos larmes répondent à l’assourdissant silence de Dieu. "
et surtout sur sa conception de la fonction d'écrivain, sur son rôle et ses possibilités. Ne résume-t-elle pas dans son propre récit son expérience d'enfermement :
" Ce n'est donc pas l'objet qui compte mais l'expérience qui en résulte. C'est par la magie du regard, par l'interactivité ,qu'un objet devient une oeuvre d'art."
C'est une promenade agréable aussi pour nous au bras de l'auteure dans le musée, dans les méandres de l'art, dans les mots - maux de l'auteure.