Bienvenue dans mon univers : celui de la lecture. Pas un jour sans livre, que cette lecture soit plaisir ou outil de travail. Partager ce plaisir, aider à l'accès à la lecture est le but de ce blog. Passer un livre, passer des idées, passer l'envie de lire .... " J'aime à croire qu'on lit pour ne plus se sentir aussi seul, pour prendre conscience que quelqu'un est déjà passé par là et a eu les mêmes pensées , les mêmes réactions , quelqu'un qui a affronté les mêmes dilemmes, doutes et regrets que vous. " La symphonie des hasards , Livre 2 Douglas Kennedy
14 Mars 2021
Varsovie, 1939. Alexander Kulisiewicz a 21 ans. Il pourrait se satisfaire de ses nuits d'amour avec Hanna, sa jolie maîtresse, mais ce musicien, journaliste à ses heures, a choisi de combattre le...
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Varsovie, 1939. Alexander Kulisiewicz a 21 ans. Il pourrait se satisfaire de ses nuits d’amour avec Hanna, sa jolie maîtresse, mais ce musicien, journaliste à ses heures, a choisi de combattre les nazis. Alex est un personnage de roman. Mais son histoire est vraie.
À force de tutoyer le danger, il commet une erreur de trop : écrire un pamphlet sur Hitler. Des gestapistes l’arrêtent, un train à bestiaux le mène au camp de Sachsenhausen où s’entassent des milliers de déportés, esclaves persécutés et tués du fait de leurs convictions, de leurs origines, de leurs religions.
Comment survivre aux SS qu’Alex compare aux mouches bleues qui aiment la chair morte et se vautrent dedans ? Infecté par le typhus, affamé, forcé à travailler douze heures par jour, soumis à toutes sortes de punitions, Alex tient bon grâce aux chansons qu’il compose sur la vérité du camp et interprète la nuit devant les déportés en risquant sa vie.
Alex s’est promis de tenir jusqu’à la mort d’Hitler afin que ses chansons ne finissent pas dans les cendres du crématorium. Plusieurs fois, il croit la fin venue, mais sa volonté est plus forte. Il écrit, chante. Sa voix, celle des ombres planant sur Sachsenhausen, ne peut s’éteindre.
Six années passent. Hitler est sur le point d’être battu. Les survivants des camps doivent disparaître. On les mène sur la route, c’est la marche de la mort, on les abat un à un. Alex s’allonge, chante une dernière fois. Mais les SS ne tirent plus, ils ont fui, les sauveurs se montrent. Des Russes. Alex passe six mois dans un hôpital avant de redevenir humain. Que deviendront « ses » ombres ?
Il en sera la mémoire, n’oubliera personne, pas un visage. Une autre vie tout aussi poignante débute ; celle du souvenir qui le conduit à parcourir le monde jusqu’à sa mort en 1982 afin de raconter en chansons l’histoire de Sachsenhausen.
Je viens de refermer ce roman et je reste pensive, horrifiée. Même si je sais pour l'avoir appris à l'école, l'avoir lu aussi, je suis estomaquée. Et ce roman et ses textes vont me suivre longtemps.
Une claque que ce récit ! Un rappel essentiel, un devoir de mémoire.
Ce roman est un roman polyphonique, il donne la parole, il redonne la vie à toutes ses voix que le nazisme, la barbarie ont fait taire.
Et c'est surtout le souhait d'Aleksander Kulisiewicz de ne pas oublier ces voix, ces visages, ces hommes fictionnels qui représentent tous les déportés de ces camps de déportations qui ont vécu ces horreurs.
Aleksander K, Alex dans le récit a existé, a raconté ses 6 années d'internement dans l'enfer du camp de Sachsenhausen. Son sacerdoce à son retour en vie, après la guerre est de rendre hommage à ces compagnons d'infortune en continuant de faire connaître les chansons qu'ils ont composées, chantées ensemble dans les blocks; ces chants, ces mélodies qui les ont aidés à fuir au moins par la pensée, à retrouver la liberté, et à supporter et survivre.
Ce sont alors des récits poignants que nous offre un à un les compagnons d'infortune d'Aleksander : Jacek, Piotr, Nowak, Aaron , personnages fictionnels qui relatent cependant la réalité des faits, morceaux de témoignages des revenants de ces camps. Chaque récit est une vie, un homme avec ses pensées, ses peurs, ses regrets. Un récit qui nous plonge dans les souvenirs de la vie d'avant, de l'arrivée au camp, des frustrations, de la violence, de la misère, de l'horreur...
C'est une oeuvre de résilience qu'a constitué à son retour Aleksander : il s'est fait un devoir de collecter toutes les chansons, tous les poèmes, toutes les formes d'art qui ont aidé les déportés à tenir, à survivre, afin de raconter l'indicible, afin de ne pas oublier.
Et ce roman se fait le porte-parole, transmet aussi . Parce que les résultats du sondage en début de livre laisse incrédule :
La souffrance est notre histoire, notre musique, la seule façon de résister... Aleksander
dans Les mouches bleues Jean-Michel Riou
Ce roman est de ce fait un hymne aux mots, à la poésie . Aleksander lui-même se demande "la musique peut-elle nous sauver ? Avec Rosebury d'Arguto je n'en doute plus. Elle est bien un combat."
Les chansons font oeuvre de résilience, participe du devoir de mémoire :
"nos chansons seraient un reportage poétique" suppute encore Aleksander. Et effectivement Jean-Michel Riou en nous offrant ce récit de vie, l'invention des chansons, a redonné vie à ces textes, a réactivé la nécessité du souvenir.
C'est un roman magnifique et déchirant qui honore Aleksander Kulisiewitcz et les déportés des camps de déportation, de concentration, ces lieux de l'Enfer.
« J'ai survécu à la période nazie,
mais je n'ai jamais quitté le camp de concentration. »
Aleksander Kulisiewicz: 1918 - 1982