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Bienvenue dans mon univers : celui de la lecture. Pas un jour sans livre, que cette lecture soit plaisir ou outil de travail. Partager ce plaisir, aider à l'accès à la lecture est le but de ce blog. Passer un livre, passer des idées, passer l'envie de lire .... " J'aime à croire qu'on lit pour ne plus se sentir aussi seul, pour prendre conscience que quelqu'un est déjà passé par là et a eu les mêmes pensées , les mêmes réactions , quelqu'un qui a affronté les mêmes dilemmes, doutes et regrets que vous. " La symphonie des hasards , Livre 2 Douglas Kennedy

Les choses humaines Karine Tuil Gallimard

"Vivre, c'est s'habituer à revoir ses prétentions à la baisse"

"Vivre, c'est s'habituer à revoir ses prétentions à la baisse"

La quatrième de couverture nous dit tout : 

Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.

Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs. Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?

                                                                                                    (Source : Gallimard)

   Karine Tuil nous offre un roman moderne, qui nous annonce dès le début le thème principal : le sexe et surtout la différence homme-femme.

Ce roman m'a semblé organisé en deux parties : la 1ère immerge le lecteur dans un milieu bourgeois d'une famille désunie dans le Paris actuel, de personnages professionnellement célèbres : Jean Farel, journaliste-animateur vedette, sur le déclin ; son ex-femme, Claire, journaliste féministe ; leur fils Alexandre, étudiant d'une université américaine, exemplaire.

Sous ces aspects sociaux épatants, des vies tristes et solitaires, des relations familiales inexistantes et révolues, des individus complexes et secrets. 

"On était souvent déçu par la vie, par soi, par les autres. On pouvait tenter d’être positif, quelqu’un finissait par vous cracher sa négativité au visage, ça s’annulait, on crevait de cet équilibre médiocre, mais lentement, par à-coups, avec des pauses lénifiantes qui proposaient une brève euphorie : une gratification quelconque, l’amour, le sexe – des fulgurances, l’assurance d’être vivant. C’était dans l’ordre des choses. On naissait, on mourait ; entre les deux, avec un peu de chance, on aimait, on était aimé, cela ne durait pas, tôt ou tard, on finissait par être remplacé. Il n’y avait pas à se révolter, c’était le cours invariable des choses humaines."

C'est la description de ce monde où la profession et l'apparat comptent plus que les religions familiales. La famille n'est plus, chacun vivant un amour ailleurs, même l'ex-amour d'Alexandre, qui se sent seul. Cette première partie décrit ce vide relationnel, cette course à l'épanouissement professionnel. On sent tourner le malheur, on pense à l'éloignement du couple et à la fin de leur relation, on pense à la nouvelle relation de Claire et sa rencontre avec la famille de son amant, on pense à la mise au placard de Jean, on voit Alexandre souffrir de la fin d'une relation amoureuse, qu'il n'a pas souhaité et qui souffre de l'absence de ses parents. Le père est odieux, satisfait de lui même, enchaînant des relations sordides, le fils est perdu, esseulé… L'ambiance est lourde, et la révélation d'un secret indigne les lecteurs et crée un suspens.

"Ta passion pour ton métier n’est qu’un des nombreux masques de l’ambition. Chez d’autres, moins habiles, moins stratèges, le désir de conquête est plus visible ; chez toi, au premier abord, on ne décèle pas l’ambitieux compétiteur ; seulement le travailleur acharné, mais il y a dans cette forme de dévouement, cet acharnement à bien faire, une même volonté d’atteindre la première place, et d’y rester, quel que soit le prix à payer pour ça."

Mais le danger ne vient pas de là, ce n'est qu'une pièce de l'engrenage. Le malheur apparait surprenant, incompréhensible.  

La deuxième partie du roman, la plus intéressante pour moi détaille les actions de justice qui assaillent Alexandre, accusé du viol de Mila, fille du nouveau conjoint de Claire, la mère d'Alexandre. Là commence un roman issu de l'actualité, celle de cette décennie du XXIème siècle : les mouvements #Me too ,  #Balance ton porc,  la libération de la parole des femmes victimes s'invite d'office dans le procès. Il décrit l'écartèlement que subit Claire la mère d'Alexandre, entre les valeurs et les convictions qu'elle a toujours défendues à corps et à cris et l'amour pour son fils qui est devenu le profil de ce contre quoi elle lutte. "Elle avait découvert la distorsion entre les discours engagés, humanistes et les réalités de l'existence, l'impossible application des plus nobles idées quand les intérêts personnels mis en jeu annihilaient toute clairvoyance et engageaient tout ce qui constituait votre vie."

Il aborde la place des femmes dans la société, toujours écartelée entre ambition et moyens d'évoluer, entre être une femme et le regard de la société sur elle. 

"Il n'y a pas une seule vérité. On peut assister à la même scène, voir la même chose et l'interpréter de manière différente."

  J'ai trouvé ce roman un peu inégal. Je l'ai pourtant lu avec avidité, je n'ai pas réussi à lâcher cette histoire, surtout la deuxième partie. Après lecture, il me laisse un goût amer, une vision de la violence de la société dans  beaucoup d'aspects.

Finalement il m'a marqué. 

 

 

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