Le chant des revenants Jeswyn Ward Belfond

    Une floppée de louanges pour ce roman lyrique  !

Résumé

Jojo n'a que treize ans mais c'est déjà l'homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s'occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla.

De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n'ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Michael, Jojo le connaît peu, d'autant qu'il purge une peine au pénitencier d'État.

Et puis il y a Leonie, sa mère. Qui n'avait que dix-sept ans quand elle est tombée enceinte de lui. Qui aimerait être une meilleure mère mais qui cherche l'apaisement dans le crack, peut-être pour retrouver son frère, tué alors qu'il n'était qu'adolescent.

Léonie qui vient d'apprendre que Michael va sortir de prison et qui décide d'embarquer les enfants en voiture pour un voyage plein de dangers, de fantômes mais aussi de promesses.....

    Chaque personnage raconte ce road-movie de son point de vue, en analysant avec ses propres ressentis et sa propre expérience. 

Le personnage de Léonie, la mère est indigne, elle ne mérite d'ailleurs pas l'appelation de mère. Tout entière passionnée, obsédée par son amour, Mickaël qui sort de prison et plongée dans un monde onirique, conséquence de son addiction à la drogue. 

Un roman dur qui évoque les souffrances des personnages :

- des souffrances actuelles :

- des enfants sans amour maternel : Kayla ne vit que par son frère, Jojo à 1" ans s'occupe de sa petite sœur comme un père et ressent de la frustration par rapport à sa mère et à son père, qu'il connait peu finalement puisque celui-ci sort de prison.

- River, un grand-père figé dans une vie torturée, chargé de s'occuper de ses petits-enfants, délaissés par leur mère, sa fille; chargé de s'occuper de la maison où se meurt sa femme, son amour, cloîtrée par la maladie dans sa chambre, et se dégradant physiquement; chargé d'une culpabilité cachée.

- Philomène, une grand-mère, presque sorcière à ses heures de gloire, souffrant toute sa vie de la mort de son fils, et souffrant le calvaire, en fin de vie.

- une jeune femme noire, Leonie, leur fille qui a fait des enfants avec son amour Mickael, homme blanc, et luttant contre les préjugés de la famille de celui-ci. 

- des souffrances d'une autre époque :

- Given, le fils de Papy et de Mamie, Philomène, assassiné par l'oncle de Mickael, parce que noir et doué. 

- Ricchie, jeune garçon enfermé dans un camp de travail Parchman, et assassiné lors de sa fuite. 

Des souffrances et des cris ressentent de ce roman, une souffrance inhumaine, celle des noirs vivants au Mississipi, subissant la haine, la violence . 

C'est donc un monde dur où les sentiments sont forts , d'autant que le monde de l'invisible s'invite et interfère dans le monde visible. 

C'est un roman aux portes de l'invisible, où les fantômes se transforment  en oiseau , que les enfants, les animaux et les drogués perçoivent. 

C'est un roman poétique où les grands sentiments antinomiques s'envolent , où il est question de vie et de mort, de vivants et de morts, d'amour et de haine, où la magie emportent les personnages. 

" Après, Mamie. Qu'est-ce qui va se passer quand tu vas mourir ? […]

"C'est comme passer une porte, Jojo. […] 

La mort , une immense bouche grande ouverte […]"

J'ai été emportée par l'alternance du présent et du passé,

            subjuguée par l'écriture chorale et par la dimension fantastique,

            indignée du sort de ces noirs américains,

            traumatisée par ces violences physiques et morales.

Un chant bien émouvant  !

4ème de couverture :

Seule femme à avoir reçu deux fois le National Book Award, Jesmyn Ward nous livre un roman puissant, hanté, d'une déchirante beauté, un road trip à travers un Sud dévasté, un chant à trois voix pour raconter l'Amérique noire, en butte au racisme le plus primaire, aux injustices, à la misère, mais aussi l'amour inconditionnel, la tendresse et la force puisée dans les racines.