Bienvenue dans mon univers : celui de la lecture. Pas un jour sans livre, que cette lecture soit plaisir ou outil de travail. Partager ce plaisir, aider à l'accès à la lecture est le but de ce blog. Passer un livre, passer des idées, passer l'envie de lire .... " J'aime à croire qu'on lit pour ne plus se sentir aussi seul, pour prendre conscience que quelqu'un est déjà passé par là et a eu les mêmes pensées , les mêmes réactions , quelqu'un qui a affronté les mêmes dilemmes, doutes et regrets que vous. " La symphonie des hasards , Livre 2 Douglas Kennedy
24 Janvier 2019
#LaDedicace #NetGalleyFrance
Son premier roman part à l'imprimerie, et elle ne sait pas à qui le dédicacer...
Une jeune femme s’apprête à publier son premier roman. Elle vit seule, son téléphone ne vibre pas, elle a de plus en plus de mal à aimer sa mère. À qui pourrait-elle dédicacer son livre ? Son éditrice lui donne trois jours pour trouver. Férocement drôle et émouvant, la dédicace est l’histoire d’une quête sentimentale dans un Paris peuplé de solitudes.
Mon avis :
" J'espérais qu'il s'agisse d'un roman. D'une histoire incroyable mais que j'aurais crue."
Je viens de finir la lecture de ce roman du réel, crédible ,et si il n'est pas incroyable, tout du moins original.
Un premier roman qui en une sorte de mise en abyme, raconte la fin du processus d'écriture et d'édition et particulièrement la recherche de l'écriture de la dédicace.
"La dédicace, c'est ce qu'il y a de plus important dans un livre."
L'auteure interroge dans le même temps l'écriture et la vie : un véritable récit introspectif existentiel.
" Le reste de mes pensées est identique à celle Ducommun des mortels, un savant mélange entre questions existentielles et tracas du quotidien, un lieu imaginaire où Dieu côtoie les amendes impayées."
Certes l'atmosphère y est sombre (comme les couleurs Gris / Ecru récurrentes dans le texte) et triste. La narratrice Billie (" son nom de scène ")nous plonge dans son Spleen, issu elle le dit elle-même d'elle ne sait où, de la ville ..
"Je suis toujours triste le samedi soir car il me semble que le monde ne me laisse que deux options : la fête ou le suicide. Feindre ou mourir."
Elle tourne en rond, allant à la rencontre des autres, elle parcourt Paris, presque désoeuvrée. A tel point que c'en est la véritable Nausée.
J'ai aimé redécouvrir Paris avec ses yeux, car sa vision est réelle : une ville triste, où se croisent des anonymes, qui cherchent tous à vivre bien, à rompre leur solitude, qui se cherchent.
"Et tout Paris qui me pointait du doigt et me hurlait que je n'étais rien ou du moins pas grand-chose."
C'est le cas ici : le roman est un véritable panel de personnages secondaires dont la narratrice cherche la vérité. Secondaires mais non sans panache, ces portraits principalement de femmes : femmes de la rue, mères…baignant toutes, solitaires dans Paris triste. Quant aux figures masculines, elles sont toutes banalement tristes voire pathétiques.
Au-delà des ces figures résignées, c'est toute la poésie du quotidien urbain qui surgit, avec des réflexions sur la vie, sur les relations , sur les prénoms ( Hortense, Rosa, Véronique…).
Le tout relaté avec un humour pince-sans rire
"Si la nuit m'avait porté conseil, je n'avais rien entendu."
(et ma préférée :) en parlant d'un cadavre de chien écrasé : " Tu vois ça, ma chérie...t'en verras plus que de cerfs-volants."
Bref l'auteure fait preuve de lucidité
"Surement que ça n'aide pas à avoir un avis tranché sur la question" , d'une lucidité parfois féroce mais si drôle et offre un regard distancié sur sa propre condition d'écrivaine.
Elle démystifie ainsi cette illustre figure "...moi, l'insignifiance incarnée : l'écrivain."
Redevenant femme avant tout, elle traîne la banalité de la vie, elle écorche le monde de l'écriture, dont elle laisse apercevoir des passages obligés franchement plaisants : la foire des livres, le rendez-vous chez l'éditeur, l'interview littéraire…
Une lecture que j'ai appréciée et que je recommande aux amoureux des livres et des auteurs.
Thèmes :
Paris /
Portraits de femmes /
Solitude /
Banalité /
Ecriture /
Dédicace / Epitaphe
Existentialisme /
Leïla Bouherrafa - Allary Editions
Leïla Bouherrafa a 29 ans. Elle enseigne le français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés. La dédicace est son premier